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La parabole des trois anneaux de Gotthold Ephraïm Lessing se trouve insérée dans un écrit plus vaste, dans la pièce de théâtre « Nathan le sage » précisément. Voici comment Nathan raconte à Saladin la vieille parabole des 3 anneaux :

SALADIN : La raison pour laquelle je te demande ton avis est tout autre, tout autre. – Toi qui es si sage, dis-moi, une fois pour toutes, quelle est la foi, quelle est pour toi la loi la plus convaincante ?

NATHAN : Sultan, je suis juif.

SALADIN : et moi, je suis musulman. Et entre nous il y a le chrétien. Mais de ces trois religions une seule peut être vraie.

NATHAN : Me permets-tu, Sultan, de te raconter une petite histoire ?…

Il y a des siècles de cela, en Orient, vivait un homme qui possédait un anneau d’une valeur inestimable, don d’une main chère. La pierre était une opale, où se jouaient mille belles couleurs, et elle avait la vertu secrète de rendre agréable à Dieu et aux hommes quiconque la portait animé de cette conviction. Quoi d’étonnant si l’Oriental la gardait constamment au doigt, et prit la décision de la conserver éternellement à sa famille ? Voici ce qu’il fit : il légua l’anneau au plus aimé de ses fils, et il statua que celui-ci, à son tour, léguerait l’anneau à celui de ses fils qui lui serait le plus cher, et que perpétuellement le plus cher, sans considération de naissance, par la seule vertu de l’anneau, deviendrait le chef, le premier de sa maison.

– Entends-moi, Sultan.

SALADIN : Je t’entends. Poursuis !

NATHAN : Ainsi donc, de père en fils, cet anneau vint finalement aux mains d’un père de trois fils qui tous trois lui obéissaient également, qu’il ne pouvait par conséquent s’empêcher d’aimer tous trois d’un même amour. À certains moments seulement, tantôt celui-ci, tantôt celui-là, tantôt le troisième – lorsque chacun se trouvait seul avec lui et que les deux autres ne partageaient pas les épanchements de son cœur – lui semblait plus digne de l’anneau, qu’il eut alors la pieuse faiblesse de promettre à chacun d’eux. Les choses allèrent ainsi, tant qu’elles allèrent.

Mais la mort était proche, et le bon père tombe dans l’embarras. Il a peine à contrister ainsi deux de ses fils, qui se fient à sa parole. Que faire ? Il appelle secrètement un artisan, auquel il commande deux autres anneaux sur le modèle du sien, avec l’ordre de ne ménager ni peine ni argent pour les faire de tous points semblables à celui-ci. L’artiste y réussit. Lorsqu’il apporte les anneaux au père, ce dernier est incapable de distinguer son anneau qui a servi de modèle. Joyeux et allègre, il convoque ses fils, chacun à part, donne à chacun sa bénédiction, et son anneau, et meurt. – Tu m’écoutes, n’est-ce pas, Sultan ?

SALADIN : J’écoute, j’écoute ! Viens-en bientôt à la fin de ton histoire. Est-elle proche ?

NATHAN : J’ai fini. Car la suite, désormais, se conçoit d’elle-même. À peine le père mort, chacun arrive avec son anneau, et chacun veut être le chef de la maison. On enquête, on se querelle, on s’accuse. Peine perdue : impossible de prouver quel anneau était le vrai. Presque aussi impossible à prouver qu’aujourd’hui pour nous la vraie croyance.

SALADIN : Comment ? C’est là toute la réponse à ma question ?…

NATHAN : Qu’il te suffise simplement de m’excuser si je ne me risque pas à distinguer les trois anneaux, que le père a fait faire dans l’intention qu’on ne puisse pas les distinguer.

SALADIN : Les anneaux ! Ne te joue pas de moi ! Les religions que je t’ai nommées peuvent se distinguer jusque dans le vêtement, jusque dans les mets et les boissons !

NATHAN : D’accord, sauf en ce qui regarde leurs raisons. Toutes en effet ne sont-elles pas fondées sur l’histoire ? Écrite ou transmise ? Et l’histoire ne doit-elle pas être crue uniquement sur parole, par la foi ? N’est-ce pas ? Or, de qui met-on le moins en doute la parole et la foi ? Des siens, n’est-il pas vrai ?

De ceux de notre sang, n’est-il pas vrai ? De ceux qui nous ont depuis l’enfance donnés des preuves de leur amour, n’est-il pas vrai ? Qui ne nous ont jamais trompés que là où il était meilleur pour nous d’être trompés ? Comment croirais-je moins mes pères que toi les tiens ? Ou inversement ! Puis-je te demander d’accuser tes ancêtres de mensonge pour ne pas contredire les miens ? Ou l’inverse ? C’est également vrai pour les chrétiens. Ne trouves-tu pas ?

SALADIN (à part) : Par le Dieu vivant ! Cet homme a raison. Je ne puis que me taire.

NATHAN : Mais revenons à nos anneaux. Comme je l’ai dit, les fils se citèrent en justice et chacun jura au juge qu’il tenait directement l’anneau de la main du père – ce qui était vrai – après avoir obtenu de lui, depuis longtemps déjà, la promesse de jouir un jour du privilège de l’anneau – ce qui était non moins vrai ! Le père, affirmait chacun, ne pouvait pas lui avoir menti ; et, avant de laisser planer ce soupçon sur lui, ce père si bon, il préférerait nécessairement accuser de vol ses frères, si enclin fût-il par ailleurs à ne leur prêter que les meilleures intentions. Il saurait bien, ajoutait-il, découvrir les traîtres, et se venger.

SALADIN : Et alors, le juge ? J’ai grand désir d’entendre le verdict que tu prêtes au juge. Parle !

NATHAN : Le juge dit : « Si vous ne me faites pas, sans tarder, venir céans votre père, je vous renvoie dos à dos. Pensez-vous que je sois là pour résoudre des énigmes ? Ou bien attendez-vous que le vrai anneau se mette à parler ? Mais, halte ! J’entends dire que le vrai anneau possède la vertu magique d’attirer l’amour : de rendre agréable à Dieu et aux hommes. Voilà qui décidera !

Car les faux anneaux, eux, n’auront pas ce pouvoir ! Eh bien : quel est celui d’entre vous que les deux autres aiment le plus ? Allons, dites-le ! Vous vous taisez ? Les anneaux n’ont d’effet que pour le passé ? Ils ne rayonnent pas au-dehors ? Chacun n’aime que lui-même ? Oh, alors vous êtes tous les trois des trompeurs trompés ! Vos anneaux sont faux tous les trois. Il faut admettre que le véritable anneau s’est perdu. Pour cacher, pour compenser la perte, le père en a fait faire trois pour un.

SALADIN : Superbe ! Superbe !

NATHAN : Et en conséquence, continua le juge, si vous ne voulez pas suivre le conseil que je vous donne en place de verdict, allez-vous-en ! Mon conseil, lui, est le suivant : prenez la situation absolument comme elle est. Si chacun de vous tient son anneau de son père, alors que chacun, en toute certitude, considère son anneau comme le vrai. Peut-être votre père n’a-t-il pas voulu tolérer plus longtemps dans sa maison la tyrannie d’un seul anneau ? Et il est sûr qu’il vous a tous trois aimés, et également aimés, puisqu’il s’est refusé à en opprimer deux pour ne favoriser qu’un seul. Allons ! Que chacun, de tout son zèle, imite son amour incorruptible et libre de tout préjugé ! Que chacun de vous s’efforce à l’envi de manifester dans son anneau le pouvoir de la pierre ! Qu’il seconde ce pouvoir par sa douceur, sa tolérance cordiale, ses bienfaits, et s’en remette à Dieu ! Et quand ensuite les vertus des pierres se manifesteront chez les enfants de vos enfants ; alors, je vous convoque, dans mille fois mille ans, derechef devant ce tribunal. Alors, un plus sage que moi siégera ici, et prononcera. Allez ! Ainsi parla le modeste juge.

SALADIN : Mon Dieu ! Mon Dieu !

NATHAN : Saladin, si tu penses être ce sage que le juge promit…

SALADIN : (se précipitant vers lui et lui prenant la main, qu’il ne lâchera plus jusqu’à la fin) la poussière ? Le néant ? Ô Dieu !

NATHAN : Que fais-tu, Sultan ?

SALADIN : Nathan, cher Nathan ! Les mille et mille années de ton juge ne sont pas encore passées. Son siège n’est pas le mien. Va ! Mais sois mon ami.

COMMENTAIRES :

  1. Qui est Gotthold Ephraïm Lessing ?

Gotthold Ephraïm Lessing est né en 1729 d’un pasteur luthérien, mort en 1781 à Brünswick, Lessing est l’un des principaux représentants de l’Illuminisme allemand, qui tente de concilier dans sa pensée philosophique Leibnitz et Spinoza. Mais Lessing est surtout connu comme fervent adepte de la franc-maçonnerie, initié le 14 octobre 1771 à la Loge “Zu den Drei Goldenen Rosen” (Aux trois roses d’or) de l’Orient de Hambourg. Lessing n’est pas un philosophe accidentellement maçon, c’est un philosophe maçonnique ou un philosophe de la maçonnerie, comme le démontrent par exemple ses Dialogues maçonniques (Gesprache für Freimaurer, 1778-1780) et le Nathan le Sage (Nathan der Weise) en question (Berlin, 1779). Lessing se réclame explicitement de Luther (“grand homme incompris” “qui nous a libérés du joug de la tradition”) et de Joachim de Flore (“Viendra certainement le temps du nouvel Évangile, de l’Évangile éternel qui est aussi promis aux hommes dans les livres de la Nouvelle Alliance”, la “division de l’histoire du monde en trois âges n’était pas une vaine chimère”) et le remède à la division des chrétiens est, pour lui, “l’Église invisible” de la franc-maçonnerie. Au moment d’écrire Nathan, Lessing est convaincu qu’il est le seul capable à reprendre le flambeau et il dira dans sa pièce de théâtre « En effet, un génie ne peut être éveillé que par un autre génie, et surtout par un génie qui semble tout devoir à la nature.

  1. Qui est Nathan le sage ?

Le philosophe Moses Mendelssohn (1729-1786) est le modèle de Nathan. Moses Mendelssohn est un philosophe juif de langue allemande ; il est l’exact contemporain et le meilleur ami de Lessing (ils sont nés la même année et mort à trois ans d’intervalle). Lessing l’a choisi comme modèle pour son personnage de Nathan. Figure clef de l’Aufklärung « des Lumières », il est aussi quelqu’un d’incontournable dans le judaïsme (certains penseurs juifs font ainsi souvent référence aux « trois Moïse » : Moïse le prophète des Dix Commandements, le talmudiste médiéval Moïse Maïmonide, et enfin Moïse Mendelssohn). Mendelssohn accomplira un travail considérable pour l’émancipation des juifs et pour briser le ghetto : faire connaître la culture classique humaniste aux juifs et faire connaître la tradition humaniste du judaïsme aux non juifs. »

 

  1. Idéologie œcuménique de la pièce « Nathan le Sage »

Un père, un roi, vient de mourir. Chacun de ses trois fils prétend être l’héritier légitime parce qu’il détient l’anneau du pouvoir. On sait donc que deux des trois anneaux sont faux, seul l’un des trois anneaux peut être authentique. Comment les départager ? Finalement, Nathan le prophète arrive et dit en substance aux trois hommes : « En fait, on ne sait pas qui est le véritable héritier, on ignore qui d’entre vous détient le véritable anneau. Mais on le découvrira dans l’épaisseur de l’histoire, à travers l’hospitalité éthique dont vous ferez preuve vis-à-vis de vos deux autres frères ». Certes, ce que Lessing a en tête au moment où il écrit, ce sont les trois religions abrahamiques qui se disputent le territoire européen et la légitimité de l’héritage d’Abraham. Au nom de l’amour, unique et irrépressible soif, souffrance permanente et nébuleuse espérance, le sentiment par lequel l’homme se perd dans l’esprit et le Dieu s’incarne. Un homme rénové par la prise de conscience de sa valeur et de son devoir, un homme capable d’agir selon ces préceptes qui donnent force et validité au projet utopique énoncé par Nathan et soutenu par la sagesse de Saladin : “Il suffit de renoncer à offenser l’autre / il suffit que chacun tolère le voisin”. C’est dans ce face-à-face attendu entre musulman et juif mais aussi entre roi et sujet, au milieu exact de la pièce, que Nathan raconte la parabole des trois anneaux, qui invite tous les croyants à ne rivaliser que d’amour. La pièce nous montre que Dieu aime également tous les fidèles des trois religions monothéistes, judaïsme, christianisme et Islam. Alors que ceux-ci se disputent et prétendent chacun détenir la vérité originelle, au lieu d’imiter l’amour dont Dieu a témoigné à leur égard, la parabole leur propose d’agir en dignes bénéficiaires de cet amour, et de faire en sorte de se rendre tous aimables, génération après génération. De plus la pièce va remettre en cause l’identité et pas seulement religieuse de chacun. La pièce nous montre la réunion heureuse d’êtres humains. Lessing, par la bouche de Nathan, nous le dit en ces termes : Nathan : Ni vous ni moi n’avons choisi notre peuple, notre foi. Vous et moi, est-ce qu’on peut nous réduire à notre origine, notre religion, notre communauté ? Qu’est-ce que ça veut dire peuple, origine, communauté-identité ? Le Chrétien et le Juif sont-ils chrétiens et juifs avant d’être des hommes ? (Le regardant :) Est-ce que j’ai enfin trouvé un être humain pour qui être humain ça suffit ?

La scène de la pièce « Nathan le sage » se passe à Jérusalem. C’est une Jérusalem symbolique, rêvée. Une tente, au centre de la scène, porte l’inscription JÉRUSALEM. La tente reprend le symbole kabbalistique de Souccot correspondant à l’une des 3 colonnes de l’arbre de la connaissance qui permettent l’élévation spirituelle. Les 3 colonnes de l'arbre correspondent aux trois Fêtes de Pèlerinage « liberté, égalité, fraternité », Pessa’h (libération de l’Egypte : liberté), Chavouot (Réception de la Loi par Moïse : égalité devant la loi) et Souccot (fête des tentes : fraternité).

Ce sera aussi une maison commune telle que Lessing rêve Jérusalem et notre Terre, d’où sortiront tous les personnages à un moment ou l’autre de la pièce : comme s’ils y pouvaient tous tenir, comme s’ils y vivaient déjà tous ensemble, comme s’ils sortaient d’une boîte magique. Cette maison commune (tour à tour maison de Nathan, palais de Saladin…), lors du dénouement, s’élèvera au-dessus du sol, pour mieux figurer la Jérusalem céleste à laquelle la pièce nous a conduits. Mais en vérité, on pourrait dire que c’est l’héritage l’utopie démocratique et égalitariste qui se cherche un héritier et les Œcuménistes se reconnaissent dans la pensée franc-maçonne de Lessing.

 

  1. Influence des « Lumières » sur le monde et la Révolution dite française 

Lessing ne choisit pas par hasard comme figure centrale de sa pièce un Juif, sage et bon, modèle d’humanité. Loin de toute naïveté, la pièce fait entendre à de nombreuses reprises des remarques antisémites à l’encontre de Nathan (venant des chrétiens, comme des musulmans), mais c’est pour mieux en montrer la bêtise, tant le personnage de Nathan, généreux et tolérant, déjoue tous les clichés racistes. La lutte contre l’intolérance entre les croyants, la pièce fait une part importante à la condamnation de l’antisémitisme. L’antisémitisme est battu en brèche par les philosophes des Lumières (pas par tous…) ; la Révolution française a fait des Juifs français (et des protestants) des citoyens à part entière. Les 21, 22, 23 et 24 décembre 1789, la question juive, avec celle des protestants, des comédiens, des prostituées et des exécuteurs des hautes œuvres (les bourreaux), est à nouveau débattue à l'Assemblée durant la discussion sur l'admission de tous les citoyens au service public sans distinction de croyance. Mirabeau, l'abbé Grégoire, Robespierre, Duport, Barnave et le comte de Clermont-Tonnerre mettent en œuvre toute leur éloquence pour faire décider l’émancipation.

« Il faut tout refuser aux Juifs comme nation et tout accorder aux Juifs comme individus. Il faut qu'ils ne fassent dans l'État ni un corps politique ni un ordre. Il faut qu'ils soient individuellement citoyens. »

Clermont-Tonnerre.

« On vous a dit sur les Juifs des choses infiniment exagérées et souvent contraires à l'histoire. Comment peut-on leur opposer les persécutions dont ils ont été les victimes chez différents peuples ? Ce sont au contraire des crimes nationaux que nous devons expier, en leur rendant les droits imprescriptibles de l'homme dont aucune puissance humaine ne pouvait les dépouiller. On leur impute encore des vices, des préjugés, l'esprit de secte et d'intérêt les exagèrent. Mais à qui pouvons-nous les imputer si ce n'est à nos propres injustices ? Après les avoir exclus de tous les honneurs, même des droits à l'estime publique, nous ne leur avons laissé que les objets de spéculation lucrative. Rendons-les au bonheur, à la patrie, à la vertu, en leur rendant la dignité d'hommes et de citoyens ; songeons qu'il ne peut jamais être politique, quoiqu'on puisse dire, de condamner à l'avilissement et à l'oppression, une multitude d'hommes qui vivent au milieu de nous. »

Robespierre.

 

  1. Influence des « Lumières » sur l’Eglise

Avec les représentations de Nathan le sage dans les diocèses d’Istres, d’Aix en Provence & Arles, de Toulon & Fréjus, de Martigues, etc… et le tout sous le patronage de prêtres et de prélats apparemment catholiques et de même de tendances traditionnalistes pour certains ; de toute évidence l’œuvre de Lessing est vue en effet comme expression fidèle d’un œcuménisme interreligieux qui à été répandu dans le monde entier par “Saint” Jean-Paul II. Entre autres, les diocèses cités ci-dessus se déclarent ouvertement œcuménistes ou à minima d’un christianisme d’ouverture dans la lignée du concile Vatican II. Vatican II a consacré l’œcuménisme entre les confessions chrétiennes (Lumen gentium, Unitatis redintegratio, Orientalium ecclesiarum), le dialogue interreligieux avec les religions non chrétiennes (Nostra ætate) et les “non-croyants” (Gaudium et spes), ainsi que la liberté religieuse, la liberté de conscience et de culte (Dignitatis humanæ personæ). Tels les Pharisiens, qui appliquaient avec zèle la Loi dans ses moindres détails (Actes 26.5) mais qui cherchaient activement des prétextes afin d'en violer l'Esprit, beaucoup de prêtres et évêques sont allés beaucoup plus loin que Vatican II et appliquent dans leur pastorale un œcuménisme interreligieux où il est courant d’entendre dans les cours de catéchisme que par exemple « toutes les religions ont le même Dieu » et cette nouvelle pastorale a été déclarée “irréversible” par “Saint” Jean-Paul II et ses successeurs. Les catholiques qui confiants en leurs “pasteurs” ont franchi les portes des salles de spectacles où se jouait la pièce de Nathan de sage pour écouter le verbe de Lessing, sont en fait entrés dans une Loge maçonnique.

 

  1. Nature de l’auteur des faux anneaux

Même “le moins futé” comprend en lisant la parabole des trois anneaux, que si Dieu est auteur de deux faux anneaux, et trompe les trois fils en leur faisant croire à chacun qu’il est l’unique possesseur de l’anneau véritable, il s’ensuit que Dieu n’est plus la vérité même, mais l’auteur de l’erreur et du mensonge. Non seulement deux anneaux sur trois doivent être faux, et tous les trois peuvent l’être (car personne ne peut savoir lequel est le vrai) mais comme Lessing le fait dire au juge dans le récit “vous êtes tous trois escrocs et escroqués. Vos anneaux sont tous les trois faux. Il est probable que le véritable anneau a été perdu, et votre père en fit faire trois pour en cacher la perte et le remplacer”. En effet, dans la parabole, ils sont tous trois des escrocs, parce que chacun affirme avoir le véritable anneau, alors qu’aucun ne sait lequel est le vrai ; et tous les trois sont escroqués par le Père qui leur fait croire à chacun qu’il possède le véritable anneau. On peut donc s’attendre à ce que les trois anneaux soient faux, et que le vrai ait été perdu et que le véritable anneau serait la Franc-maçonnerie. John Ronald Tolkien, catholique fervent, voulant illustrer comment le mal peut séduire et asservir les personnes, reprend l’allégorie de la parabole des 3 anneaux dans sa trilogie « Le seigneur des anneaux » avec le symbolisme de l’anneau Unique qui « cristallise » les ténèbres ainsi que la Montagne du Destin, un volcan pyramidal surplombé de l’œil de Sauron symbolisant la franc-maçonnerie. Tolkien reprend aussi la figure du Christ faisant son chemin de croix sur le Golgotha au travers du Hobbit Frodon Sacquet, chargé de transporter l’anneau Unique, jusqu'à la Montagne du Destin pour le détruire.

Dieu serait donc un escroc et escrocs aussi ceux qui affirment détenir la Révélation de Dieu : voilà comment de la parabole des trois anneaux, parabole en faveur de la tolérance et de la fraternité entre toutes les religions qui viennent toutes de Dieu, on passe au blasphème des trois imposteurs, selon lequel Dieu et les religions sont mensonge et tromperie. Mais Satan n’est-il pas le père du mensonge (Jean 8:44) ?

 

  1. Utopie satanique

Les temps ont bien changé au XVIIIème siècle. Les nouvelles élites issues de la bourgeoisie et de la noblesse de robe délaissent de plus en plus les valeurs héroïques de la vieille noblesse d’épée qui depuis la Renaissance puisait aux mythes gréco-latins afin de magnifier la royauté, la force, la chevalerie et ses hauts-faits. L’art commence à s’adapter son nouveau public bourgeois (pour plus d’explications sur le bourgeoisisme, voir mon articles ici et ici). La pièce de théâtre « Nathan le Sage » est une « utopie » pour la construction idéale d’une société parfaite conçue pour le bonheur absolu de ses membres. L’idéal et l’irréel de l’utopie ont alors leur contrepartie : un horizon le plus souvent totalitaire comme ce que les Russes ont connus avec le Staline, dictateur communiste se réclamant des « Lumières » qui a envoyé 30 millions de personnes à la mort pour divergences d'opinions, (voir mon article sur le socialisme ici).  Pour être œcuménique, la Franc-maçonnerie (pour plus d’informations, voir mes articles ici1, ici2 et ici3) permet aux initiés de diverses religions de se débarrasser des fables et dogmes pour ne garder qu'une philosophie rationaliste et permettant ainsi de "réunir ce qui est épars". Le Dieu œcuménique de la Franc-maçonnerie est appelé le « Grand Architecte de l’univers » est le Dieu des philosophe, la cause première, non manifesté et est en dehors du temps, il ne veut rien et n’exige rien, tout à l'opposé du Dieu personnel des monothéismes. Le « Grand Architecte de l’univers » c’est le Dieu de l’Homme Dieu qui se libère des dogmes religieux par lui-même et qui s’idolâtre lui-même. Dans la religion de l'homme Dieu, tables de la loi des "Droits de l'Homme", la seule discrimination autorisée est l’argent, ce qui confirme que personne ne pourra acheter ou vendre s'il n'a pas la marque de la bête, c’est-à-dire la trinité de l’homme 666 (voir sur la marque de la bête ici).

 

  1. Conclusion

Aujourd’hui, vu l’immense pouvoir et la quantité innombrable de régiments de la “compagnie des Anneaux”, je conclus cependant avec un message d’espérance. On peut, encore aujourd’hui, s’opposer à l’invitation séduisante à entrer dans le Temple universel œcuménique des Religions. Mais il faut alors être disposé à être rejetés du Monde, et croire non seulement en paroles, mais en actes, que le Christ est Voie, Vérité, Vie, à l’exclusion de qui que ce soit d’autre, que seule est vraie son Église Catholique, Apostolique et Romaine, hors de laquelle il n’y a pas de salut. Profitant des ambiguïtés des textes de Vatican II tel des pharisiens, la majorité des prêtres et prélats catholiques vénèrent l’œcuménisme interreligieux au point que pour eux la révélation chrétienne en devient secondaire.

Satan se déguisant en ange de lumière, il n’est pas surprenant de retrouver ses partisans déguisés en serviteurs de Dieu.

Il faut donc rejeter toute forme d’œcuménisme de la part des modernistes mais il faut aussi se méfier de ladite Tradition car par exemple René Guénon était franc-maçon avec un vernis de Tradition. Il faut rejeter l’œcuménisme qui met la Vérité au même niveau que l’erreur tout en respectant les croyants des autres religions car en tant que disciples du Christ nous devons apprendre à vivre en paix avec les personnes qui ne partagent pas nos valeurs ni n’acceptent les enseignements sur lesquels elles sont fondées. La Vérité d’une religion se juge uniquement par les fruits qu’elle produit et depuis Vatican II les églises se sont vidées car dans l’esprit des gens toutes idéologies et croyances se valent. Le devoir d’une personne autonome et catholique n’est pas de chercher si le pape est un vrai pape ou de savoir si le concile Vatican II est un concile orthodoxe. Le devoir d’un catholique est d’être fidèle au Crédo et de faire son examen de conscience afin d'être à sa place dans ce monde en effectuant la volonté de Dieu (voir ici) et afin de confesser tous ses péchés mortels à un prêtre ayant les pouvoirs pour absoudre. En effet il se peut que la papauté temporelle s’écroule et avec elle la clef de voûte de l’édifice social ; que le Pape soit contraint de prendre le chemin de l’exil ou soit éclipsé ; que des semences de schisme se manifestent et donnent lieu à de lamentables défections ; qu’enfin, sous un nom ou sous un autre, solidarisme, maçonnisme, satanisme, socialisme, la révolution triomphante déchaîne toutes les mauvaises passions, ébranle les trônes, disloque les empires, noie dans le sang la civilisation moderne et attire sur la terre coupable des catastrophes justement méritées : le chrétien ne sera point ébranlé. Il sait et il saura toujours, que toutes ces tempêtes ont été prédites ; qu’il ne tombera pas un cheveu de sa tête, sans la permission de son Père céleste ; que tout ce qui arrive tourne au bien des élus ; que les portes de l’enfer ne prévaudront point contre l’Église, et que ses ennemis pourriront bientôt dans le tombeau qu’ils avaient creusé pour elle. Toutes les catastrophes ont été prédites, il faut garder espoir et rester fidèle au Crédo sans se désespérer.

Le Crédo de Nicée-Constantinople :

Je crois en un seul Dieu,

le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre,

de l’univers visible et invisible.

Je crois en un seul Seigneur, Jésus Christ,

le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles :

Il est Dieu, né de Dieu,

lumière née de la lumière,

vrai Dieu, né du vrai Dieu,

Engendré, non pas créé,

consubstantiel au Père,

et par lui tout a été fait.

Pour nous les hommes, et pour notre salut,

il descendit du ciel ;

Par l’Esprit Saint, il a pris chair de la Vierge Marie,

et s’est fait homme.

Crucifié pour nous sous Ponce Pilate,

il souffrit sa passion et fut mis au tombeau.

Il ressuscita le troisième jour, conformément aux Écritures,

et il monta au ciel ; il est assis à la droite du Père.

Il reviendra dans la gloire,

pour juger les vivants et les morts ;

et son règne n’aura pas de fin.

Je crois en l’Esprit Saint,

qui est Seigneur et qui donne la vie ;

il procède du Père et du Fils ;

avec le Père et le Fils,

il reçoit même adoration et même gloire ;

il a parlé par les prophètes.

Je crois en l’Église, une, sainte, catholique et apostolique.

Je reconnais un seul baptême pour le pardon des péchés.

J’attends la résurrection des morts,

et la vie du monde à venir. Amen.

À l’abri du Credo, le Chrétien, quel qu’il soit, attendra de pied ferme les ennemis de son Dieu et de sa foi. Il ne sert à rien de vouloir discuter avec Franc-maçonnerie, car on se retrouverait indirectement dans une Loge et le diable est plus fort que nous. Il faut simplement regarder et garder la foi dans le Credo tel saint Jean et Marie regardant Jésus mourir sur la croix. Le minimum que nous puissions faire et de ne pas propager les idées des ennemis de la foi et de Dieu, à l’image d’Alexandre Soljenitsyne qui a dit à propos de l’URSS « tout petit que nous sommes face à l’énorme machine totalitaire du mensonge, faire en sorte de ne pas être un point de passage du mensonge ».

 

  1. ​Sources :

https://www.sodalitium.eu/la-compagnie-des-anneaux/

https://l-arbre.fr/wp-content/uploads/2018/02/dossier-p%C3%A9dagogique-NATHAN-LE-SAGE-V18.061.pdf

https://books.openedition.org/enseditions/8308

https://biblioweb.hypotheses.org/16616

http://www.parolevivante.net/article-mettez-lui-un-anneau-au-doigt-ou-l-anneau-de-la-grace-74202230.html

https://mediationsemiotiques.com/wp-content/uploads/2019/12/11.-Fontanille.pdf

https://www.cath.ch/newsf/tolkien-et-le-symbolisme-chretien/

« Credo » de Jean-Joseph Gaume.

https://fr.zenit.org/2023/02/27/avec-le-diable-on-ne-discute-pas-on-ne-dialogue-pas/

https://www.la-croix.com/Religion/Catholicisme/France/Nathan-Sage-spectacle-damitie-religions-melees-2019-01-30-1200999117

https://www.catho-aixarles.fr/agenda/55241-piece-de-theatre-dialogue-avec-nathan-le-sage/

https://agenda.frejustoulon.fr/evenement/dialogue-avec-nathan-le-sage/0/23-10-2022/

https://www.paroissedemartigues.com/2020/09/dialogue-avec-nathan-le-sage.html

Tag(s) : #Gnose, #Vocation chrétienne
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